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2015 : l'irrésistible poursuite de la croissance des GAFA

Jeudi 15 janvier 2015 | 09h33

Les GAFA, acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon, n'ont pas fini de nous surprendre. L'analyse de l'expert David Fayon.


Le cloud et le ByOD deviennent la règle dans les entreprises de même que la porosité entre les vies professionnelle et personnelle. Le modèle freemium triomphe chez les acteurs du web. On assiste de plus en plus à une co-construction des produits/services permises avec les médias sociaux. Le salarié devient hyperéquipé et hyperconnecté (en tendant vers 2 devices en moyenne : PC fixe et ou mobile, tablette, 1 ou 2 smartphones).

2014 marqua l’irrésistible ascension des GAFA (acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon) avec des profits insolents de la part de Google, Facebook et Apple et des rachats en cascade.

Par exemple Facebook a racheté WhatsApp pour 19 milliards de dollars et Oculus pour 2 milliards pour investir le domaine de la réalité virtuelle et se diversifier.

Google a lancé le Cardboard, casque low cost en carton de réalité virtuelle à fabriquer soi-même et fonctionnant sous Android. Google a aussi acquis Nest pour les objets intelligents et la domotique – mais aussi toujours des dizaines d’entreprises.

Ce fut la consécration du selfie, le smartphone étant un prolongement de soi comme jadis la voiture. C’est l’égo roi et la mise en scène ubiquitaire permise avec le smartphone qui est de plus en plus couteau suisse avec une amélioration des performances photographiques offertes.

Apple suscite toujours l’engouement des foules malgré le décès en 2011 de Steve Jobs. En témoignent les files d’attente interminables lors de la sortie de l’iPhone 6 le 19 septembre.
Ce fut aussi la prise de conscience de la transformation des organisations avec le numérique couronnée par la mission Lemoine sur la transformation numérique des entreprises. Avec Michaël Tartar, nous avions anticipé ce besoin sur lequel nous planchons depuis plusieurs années. La gouvernance d’Internet s’est un peu démocratisée avec notamment le rapport du Sénat L’Europe au secours de l’Internet et les pressions pour les évolutions de diverses instances comme l’ICANN et de l’Union européenne quant à l’abus de position dominante de Google par exemple.

Facebook interrompu quelques heures a fait couler beaucoup de tweets. Le réseau social de géolocalisation Foursquare pour sa part s’est scindé en deux du fait de l’évolution du modèle économique avec Foursquare lui-même pour les recherches d’enseignes et Swarm pour les check-in. Viadeo s’est montré à la peine face à LinkedIn, la French Tech a connu un succès notable, Netflix est arrivé en France. La coupe du monde a bien été relayée sur les réseaux sociaux.
Les start-up en 2014 ont eu recours au crowdfunding mais aussi au bootstrapping en récoltant des fonds de leur entourage.

Enfin pour le fun, on notera Flappy Bird, un jeu simplissime devenu le jeu de l’année sur Android.


Déjà, l’année 2015 commence par un record, le tweet le plus tweeté de l’histoire est désormais #JeSuisCharlie.

En 2015, la croissance d’Internet sera plus faible dans le monde et sera tirée par des pays comme l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria et le Mexique. Dans les pays développés, elle sera portée par les tablettes et les smartphones avec les mobinautes.

Selon l’Institut Gartner, les 10 tendances stratégiques pour 2015 sont représentées dans le graphe introductif de cet article. Parmi celles-ci figurent des prolongements des années précédentes. En bref, le numérique sera partout. Ce sera surtout des analyses temps réel sur le comportement des internautes en vue de susciter l’achat avec le triomphe du big data et des outils d’exploitation intelligente des données. Nous connaîtrons davantage de géolocalisation et de big data avec les smartphones.

Les annonces locales en 1 clic comme on l’a vu avec l’expérience Comptoirs des cotonniers du 28 mai au 17 juin 2014 en France où le flashcode permettait un achat via le smartphone préfigurent le décollage du paiement sur mobile et le fastshopping. Le tout sera pour les sites marchands d’avoir une très bonne e-logistique avec un identifiant produit unique et un identifiant client unique dans une logique omnicanale cohérente pour délivrer le même message quel que soit le canal physique ou virtuel avec enregistrement de l’historique dans les bases de données de l’entreprise.

Le e-commerce sera de plus en plus à la demande avec l’ominicanal et en temps réel via les médias sociaux. Amazon Dash et Amazon Fresh ainsi que Google avec Google Shopping Express se placent en concurrent des opérateurs postaux pour la livraison, lesquels tardent à faire leur mue.

La généralisation de la vidéo, le succès des formats courts (Vine, etc.), des réseaux sociaux éphémères (WhatsApp, SnapChat) et le chat 2.0 sont des éléments à prendre en compte apportés notamment par les générations Y et Z. Les recherches se feront de moins en moins avec Google mais plus avec des outils comme YouTube, Twitter et dans les applications directement.

Kim Schmitz plus connu sous le nom de « Kim Dotcom », le fondateur du site MegaUpload qui a été fermé, prépare un service de discussion en ligne par vidéo, comme Skype ou Hangout de Google. Celui-ci baptisé MegaChat permetta également le transfert de fichiers à grande vitesse.

Le "marketing automation" permet le retargeting, l’amélioration de son RoI. Avec la géolocalisation, des messages pourront être envoyés à des passants pour annoncer la présence d’une marque et de promotions de produits/services lorsqu’un internaute se trouve près de l’un de leurs magasins. La question de l’activation ou non de la géolocalisation se posera davantage.

Une tendance forte sera l’économie du partage avec l’éclosion d’autres acteurs dans la foulée de Blablacar, Uber et Airbnb qui ont montré la voix. Cette économie du partage avec plateforme mobile et géolocalisation permettra d’avoir des Leboncoin en temps réel.

L’Internet des objets va proliférer avec des tas d’appareils connectés pour faciliter la vie au quotidien même si l’hétérogénéité pour l’heure constitue un beau désordre car nous sommes dans une phase transitoire jusqu’à ce que cela devienne « l’Internet de tout le monde » selon l’expression de Brian Solis. Les objets connectés vont évoluer vers une meilleure expérience utilisateur, avec la possibilité de faire des recommandations de plus en plus pertinentes selon les préférences et l’historique de l’internaute.

Le wearable, au-delà des Google Glass et des Pebble Watch ou Apple Watch, devra se faire une place, pas encore facile même si de beaux projets existent comme www.cityzensciences.fr pour les textiles connectés. Une "killer App" pour le dispositif wearable et un écosystème autour grâce à des APIs ouvertes sera nécessaire.

Notons également le boom de la e-santé, la hausse des malwares (smartphones, tablettes), les webrooms qui viennent compléter les showrooms dans l’expérience client.

Une question stratégique est de savoir si la Chine va s’éveiller au numérique dans le sens venir concurrencer sur leurs terres les acteurs occidentaux. Dans ce cas, des combats entre Amazon et Alibaba pourront voir jour, de même avec des acteurs comme Renren, Tencent, Baidu dès lors qu’ils seront traduits en anglais mais avec des éléments différenciants car pour l’heure il s’agit plutôt de copies. Des acteurs comme WeChat (Chine), Line (Japon) ou Viber (Israël) seront à suivre.

Les secteurs traditionnels vont continuer d’être bousculés avec le numérique. Ce sera le cas des voitures autonomes par exemple – et pas uniquement la Google car – puisqu’un marché va se créer au fil des ans.

Amazon Fire TV (box HDMI reliée à Internet avec de nombreuses fonctionnalités pour la vidéo, la musique et les jeux vidéo qui est disponible aux Etats-Unis pour 99 dollars) et Google Chromecast (clé multimédia qui se branche sur un port HDMI du téléviseur) seront à suivre.

La France aura son mot à dire. On pourrait citer les champions français Whitings, Blablacar, Aldebaran. Une constante demeure, pour croître et atteindre une masse critique, la tendance est l’implantation dans la Silicon Valley, c’est le cas de 1000mercis ou de Criteo (à Palo Alto depuis 2014) ou encore de Sigfox.

Des start-up vont continuer à éclore. Le lancement de PuzlIn est imminent montrant que sur le marché de la veille collaborative et des réseaux sociaux, il existe encore de la place pour des acteurs – et un acteur made in France de surcroît avec une volonté de développement forte à l’international.
Quelques données chiffrées
Le nombre de comptes Facebook va certes croître timidement (1,5 milliard) mais c’est plus l’écosystème autour qui va être intéressant à suivre, en témoigne la progression d’Instagram et la diversification de l’entreprise. LinkedIn devrait dépasser les 350 millions de comptes et surtout permettre davantage d’intermédiations dans le processus de recrutement. Plutôt que de joindre son CV sur les sites de recrutement, le lien vers son profil LinkedIn est en train de devenir la règle.

Les ventes e-commerce devraient progresser de 8 à 9 % en 2015. Le pourcentage global se ralentit même si au sein de celui-ci, il sera tiré par le m-commerce. Sans encore disposer des données 2014, on pourra se référer aux statistiques 2013 de la FEVAD qui demeurent intéressantes.

D’un point de vue législatif, le débat d’orientation pour la stratégie numérique de la France va commencer à l’Assemblée nationale dès le 14 janvier. Il s’agit du premier volet de la préparation de la loi numérique.

Et selon vous quelles sont les tendances majeures pour 2015 ?

David FAYON


 


David Fayon (@fayon et @davidfayon), expert technologies numériques est membre de plusieurs associations pour le développement du numérique en France (dont Renaissance numérique). Il est auteur de plusieurs ouvrages dont Web 2.0 et au-delà et Facebook, Twitter et les autres... Son site Internet est ici...

Il a publié en 2013 Géopolitique d'Internet - qui gouverne le monde ? préfacé par Joël de Rosnay. A retrouver aussi sur Facebook.


Il est actuellement Consultant Web dans la Silicon Valley pour des entreprises françaises et prépare le lancement d'une start-up made in France.

Il est convaincu qu'une prise en compte volontariste et raisonnée du numérique est une source de croissance et de bien-être tant pour les entreprises, les Etats, que les citoyens.


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