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"Les PME du numérique ne sont pas des start-ups !"

Lundi 23 juin 2014 | 06h02

Une tribune de Véronique Torner, présidente de la commission PME Syntec Numérique et présidente d’Alter Way


Sept mois après son lancement,  la FrenchTech est une véritable réussite. Mon âme d’ex-start-up-euse du numérique s’en réjouit. Cette aventure me rappelle ma vie à la fin des années 90 avant l’éclatement de la bulle Internet.

Une vitalité, une incroyable ambition, un foisonnement d’idées, une communauté d’entrepreneurs et d’investisseurs … bref une énergie follement positive. 15 ans après, nous ne pouvons que nous féliciter de ce mouvement encouragé par le gouvernement. Il était temps !

La France réalise que le numérique est un enjeu crucial pour notre vieille Europe et l’humus fertile pour toutes nos industries. Vous l’avez certainement noté que le mot numérique a gagné ses lettres de noblesse lors du dernier remaniement ministériel : nous avons désormais un ministère de l’Economie, du Redressement Productif et du Numérique !

Associé aux nouvelles énergies, le numérique est au cœur de la Troisième Révolution industrielle décrite par Jeremy Rifkin. Cette industrie nécessite d’être soutenue dans ses investissements et ses innovations mais pas seulement … Il est primordial d’accompagner son développement en se préoccupant de son tissu de PME qu’il faut densifier, transformer en ETI et porter à l’international.

Il est vrai que le gouvernement a pris conscience de l’importance des PME pour l’économie française.
La croissance des PME est un vecteur de performance, de transformation et d’innovation pour l’économie et un fort potentiel de création d’emploi.  Il faut saluer et soutenir les initiatives existantes : Les travaux de la médiation nationale des marchés publics, la plateforme Pacte PME, les programmes proposés par les pôles de compétitivité …

Mais attention, une PME du numérique n’est pas une start-up et une PME du numérique proposant des offres différenciées n’est pas nécessairement innovante.

Nos PME souffrent de trois principaux maux : l’accès au marché, les relations avec les grands donneurs d’ordres et le financement de leur BFR. A cet égard, les données de l’enquête de Syntec Numérique (Baromètre PME/ETI – Septembre 2013) sont sans appel : 96% des PME/ETI jugent l’accès aux grandes entreprises difficile.

Cette même enquête montrait une dégradation des relations entre PME et grandes entreprises pour les raisons suivantes principalement :
•    Politique restrictive des achats des grands comptes (87%)
•    Exigences strictes sur les tailles des PME (65%)
•    Impossibilité de trouver un interlocuteur (38%)

Les grands donneurs d’ordres perçoivent trop souvent la PME comme le partenaire idéal pour l’innovation et le prototypage. Les PME ne sont pas perçues comme potentiellement pérennes dans le temps pour des projets importants et représenteraient un risque.

En phase d’industrialisation, les grands donneurs d’ordres n’ont pas le réflexe PME. Ce phénomène est amplement accéléré par les politiques de rationalisation des coûts et de consolidation des fournisseurs au niveau des achats qui ne laissent plus de place aux PME et privent ainsi ces dernières d’un accès vital au marché.

En réponse à ces pratiques, il faut tout d’abord rappeler que le prototypage demande un fort investissement à la PME et ne rapporte que peu de revenus. Deuxièmement, la plupart de nos PME sont des entreprises qui ont su développer au fil des années des savoir-faire leur permettant de gérer des projets industriels de taille intermédiaire. Leurs nombreuses références sont là pour en témoigner.

Enfin au-delà de l’innovation, l’agilité, la proximité et l’expertise, qualités intrinsèques de nos PME, sont de véritables atouts pour nos grandes entreprises. Je dirai même que ce sont les ingrédients indispensables à leur transformation numérique.

Rectifions le tir, nos PME du numérique ne doivent plus être assimilées au mot « start-up » ou cantonnées à "l’achat innovant". Les grands donneurs d’ordres doivent réformer leur procédure achat pour intégrer ces  nouveaux entrants. Vous l’avez compris : il ne s’agit pas uniquement de répondre à la demande de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) mais bien d’un enjeu de marché pour nos entreprises publiques et privées.

Véronique TORNER

 


Véronique Torner, présidente de la commission PME Syntec Numérique et présidente d’Alter Way (PME – ESN spécialisée en Open Source de 120 personnes).

Diplômée de CPE Lyon, Véronique Torner démarre son parcours entrepreneurial en 1996 avec la co-création de Black Orange, société d’e-commerce revendue par la suite aux Editions Atlas, puis la direction générale de Masterline en 2001, cédée à Alti en 2005, aux côtés de Philippe Montargès. Ils co-fondent Alter Way en 2006. 

Véronique Torner est co-fondatrice et co-présidente de l’Open CIO Summit, le premier sommet de l’Open Source "par les DSI pour les DSI". Elle intervient régulièrement auprès des décideurs SI pour les accompagner dans leur réflexion stratégique et la mise en œuvre de projets Open Source et a co-écrit le livre blanc "Etes-vous prêt pour l’innovation ? Les vrais enjeux de l’Open Source pour les DSI". Véronique Torner participe également aux travaux de réflexion d'un réseau intitulé "Laboratoire d'innovation managériale".

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