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Réforme du statut des stagiaires : de qui se moque-t-on ?

Jeudi 12 juin 2014 | 13h10

Les sénateurs se penchent sur le statut des stagiaires. Benjamin Guthleben, dirigeant d'une start-up numérique dédié aux entreprises et aux stagiaires, apporte son analyse. Il n'est pas tendre.


Ce matin 12 juin 2014, les sénateurs ont examiné en séance publique les conclusions de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi tendant "au développement, à l'encadrement des stages et à l'amélioration du statut des stagiaires". Retour sur un fiasco annoncé.

Voilà neuf ans que le comité "Génération Précaire" se sert du moindre fait d’actualité pour réclamer plus de droits aux stagiaires. Signe partisan, durant la campagne présidentielle de 2012, François Hollande s’engageait à "lutter contre les abus" que rencontrent les stagiaires. En avril 2014, une proposition de loi apparaît dans ce sens. Seul problème : son contenu témoigne d’une vision déconnectée de la réalité des stagiaires et de l’emploi en France. On y trouve notamment le renforcement de la limitation de la durée des stages à 6 mois et la limitation du nombre de stagiaires selon l’effectif de l’entreprise. Mais le gouvernement fonce tête baissée et engage une procédure accélérée.

Un Etat sans vision

Dans la nuit du 14 au 15 mai, le Sénat adopte la proposition de loi se résumant à 3 annonces : le passage à une rémunération mensuelle de 523,26 euros, une gratification dès un mois de stage, et l’accès pour le stagiaire aux mêmes droits que les salariés en matière de restauration et de prise en charge des frais de transports. Deux semaines après, la commission mixte paritaire fait marche arrière. Les stagiaires ne seront rémunérés qu’à partir du deuxième mois, l’augmentation de la gratification est repoussée au 1er septembre 2015. Pire encore, la loi obligera désormais les établissements d’enseignement à "la mise en relation du stagiaire avec un organisme d’accueil proposant un stage lorsque le stage est obligatoire et que l’étudiant n’a pas pu en trouver un dans les délais".

Une fois de plus, l’Etat met en place une législation toujours plus contraignante sans apporter la moindre solution.

Depuis 2006, le nombre de stagiaires en France a explosé passant de 600 000 à 1,6 million en 2012 (Source : rapport du CESE : L’emploi des jeunes, 2012). L’extrême majorité des diplômes d’écoles de commerce et d’écoles d’ingénieurs exige désormais de réaliser des stages. Les IUT, DUT, BTS et mêmes facultés s’alignent sur ce modèle.

Deux amants à réconcilier

Plutôt que de voir ce changement de méthode au sein des établissements d’enseignement supérieur avec méfiance, le gouvernement français devrait se réjouir. Enfin, nous assistons au rapprochement entre le monde éducatif et le monde professionnel. Enfin, nous comprenons la nécessité de former les étudiants à des métiers plutôt qu’à des domaines de compétences vastes et souvent loin du quotidien des entreprises.

Plutôt que de stigmatiser les entreprises et d’apaiser les étudiants, réconcilions ces deux amants oscillant entre amour et haine par peur de s’avouer leurs sentiments.

Donnons plus de pouvoir aux entreprises au sein des établissements pour leur permettre de construire des programmes répondant à leurs problématiques. Arrêtons de construire des programmes purement académiques, accompagnons les étudiants individuellement vers une carrière qui leur ressemble. Construisons des écoles-incubateurs au service de l’innovation. Permettons aux entreprises de garder un œil sur les projets étudiants pour y trouver leurs talents de demain. Ajoutons de la flexibilité au sein des établissements d’enseignement supérieur : un étudiant doit pouvoir faire le choix de rejoindre une entreprise à tout moment et retourner sur les bancs de l’école lorsqu’il le juge opportun. Facilitons l’embauche après un stage, même lorsque celui-ci a eu lieu plusieurs années auparavant.

Des solutions existent

Bref, donnons enfin aux stages ce qu’ils sont réellement : une opportunité extraordinaire pour mettre en pratique ses compétences, en acquérir de nouvelles, forger son expérience pour développer son projet professionnel.

A la tête de la "Commission Orientation" d’un mouvement lycéen en 2009, je partageais déjà au Ministre de l’Education de l’époque, la nécessité que je juge impérieuse de faire tomber les murs entre le système éducatif et le monde du travail. Tout lycéen ou étudiant doit être accompagné vers l’entrepreneuriat, il doit être amené à rejoindre des projets extra-scolaires pour se confronter aux réalités économiques et acquérir le réflexe de l’innovation.

Depuis deux ans, j’agis et participe à ma manière à la fin de ce fiasco programmé. J’ai créé TakewInc.com, premier réseau social révélateur de talents. Il vient s’ajouter à une liste de plus en plus longue de startups se mobilisant pour offrir des solutions toujours plus innovantes au service des étudiants stagiaires.

Yupeek permet le "matching" entre les compétences des candidats et les compétences recherchées par les entreprises. TakewInc.com et MonkeyTie proposent aux étudiants d’évaluer leur comportement pour les mettre en relation avec des offres de stages « compatibles » avec leur profil.

TakewInc.com s’associe même avec les écoles pour donner accès aux rapports de personnalités de leurs étudiants. 42 pages décrivent le comportement et les facteurs de motivations pour permettre aux responsables pédagogiques, une fois certifiés, de réaliser un accompagnement personnalisé de l’étudiant vers la construction d’un projet professionnel en accord avec sa personnalité.

Mardi 10 juin, LinkedIn annonçait de son côté la création d’un portail pour donner accès aux étudiants à des conseils d’orientation, des offres de stages et leur permettre de tisser leur réseau professionnel.
Une fois encore, gageons que les étudiants sauront utiliser ces nouveaux outils pour pallier l’absence d’idées et de courage de nos politiques.

Benjamin Guthleben
 


Benjamin Guthleben est fondateur et CEO de TakewInc.com, premier réseau social révélateur de talents et générateur de carrière.

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